Le rire, posté par Aranna le 15-09-2007 Ă 22:05
Petite RĂ©flexion sur le Rire
suite Ă la lecture d'un commentaire sur le blog d'Ezrah Wyden
Part I
Les gens ne rient pas, ou très peu. Ceux qui rient sans raisons apparemment décryptables sont souvent considérés comme simplets, limités, déjantés, fous ou tous simplement comme des gens bizarres un peu zinzin qu'il convient d'éviter et que l'on regarde avec une certaine méfiance.
La grande question quand une personne rit-est "qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?"
Répondez un jour "je n'en sais rien", pour voir. Vous serez surpris du résultat.
De plus en plus se pose la question du bonheur individuel, de l'accomplissement de soi, de la réussite en tant que valeur personnelle, concept nouveau et pour la première fois dans l'histoire de l'homme, le bonheur est devenu une quasi-obligation. Dites que vous n'êtes pas heureux et on vous demandera ce qui cloche, quels écueils sur votre chemin vous empêche d'être heureux.
D'un autre côté, le rire [le sourire] est de manière relativement universelle une marque positive et une démonstration de bonheur, de joie ou du moins de contentement. L'un dans l'autre, les personnes qui rient facilement devraient être considérées sous un aspect positif. Je parle bien sûr d'un rire spontané, pas des rires du genre "ah ah ah ! Il est tombé dans l'escalier".
Pourtant, au quotidien, le rire admis est le rire "cernable", le rire "décryptable", compréhensible et accessible aux autres, partageables et limité. Autre remarque, le fou rire en tant que particularité féminine, pas tellement de manière pratique mais plutôt comme une sorte de fantasme plus ou moins collectif, d'un parallèle entre rire et hystérie, dont tout le monde sait (surtout Freud) que c'est un problème typiquement féminin.
Le rire n'a pas bonne presse, riez donc quand on vous annonce la mort d'une personne, que tout le monde pointe son nez vers le sol, pendant que vous contenez à grand peine un fou rire. Si le processus d'exorcisme / refoulement qui peuvent être exprimés par ce biais sont connu des spécialistes, l'individu lambda va le prendre soit comme une marque d'irrespect, soit comme la preuve évidente d'un problème psychologique grave, soit comme la marque d'une personnalité fondamentalement mauvaise. Riez donc dans un cadre rituel : messe, rituel, célébration, et la majorité des participants vont se sentir humiliés, ou alors feront des remarques sur la douleur qu'ils éprouvent à voir qu'on puisse se permettre de casser toute la solennité qu'ils ressentent comme une manifestation essentielle du sacré.
En soit, c'est leur droit le plus stricte, mais ce que je trouve déplaisant, c'est cette mise sur un piédestal de tout ce qui est solennel, au détriment d'autres opinions sur la question. Non, ce n'est pas parce que l'on est écroulé de rire pendant un sabbat, une initiation ou un rite de passage (ou une messe, ca m'est arrivée aussi, on m'a fait sortir, et on m'a vertement tancé sur l'irrespect sacrilège dont j'avais fait preuve, sur ma mauvaise éducation et sur mon comportement intolérable.) que l'on s'en fout, que c'est un manque de respect, ou qu'on est trop con pour saisir l'instant précieux de communion avec le divin.
Je fais partie de ces gros cons de mécréants pour qui le divin, quelque soit son nom, a de l'humour, pas toujours du meilleur goût qui soit, mais il en a. Et le sérieux rigide et bêtement inflexible, les mines d'enterrement ne sont pas forcément plus respectables qu'un fou rire spontané. Je sais que ce point de vue est totalement subjectif, et que je dis cela parce que justement, je rigole souvent dans les cercles, et que les meilleurs rituels de ma vie ont accordés une large part au fou rire des participants.
Dans un autre registre encore, quand on rit en groupe, les gens ont tendance à demander si on est sous l'effet de quelques substances illégales ou bourrés. Mais pourquoi ? Ca m'agace aussi quand on me demande "ce que j'ai pris" parce que j'ai un fou rire à en pleurer, alors que je n'ai pas bu une goutte d'alcool et que je ne suis sous l'emprise d'aucune drogue.
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Cailleach, posté par Aranna le 11-09-2007 Ă 23:11
Je porte sur mes épaules le manteau de la neige. Les horloges enfantent doucement leurs petites morts, et tout est figée dans la glace.
J'ai porté à toi les heures de ma vie, et voici que la Main des Trois les brisent, doucement, pour mieux en éprouver la cruelle agonie.
Tout est fini, et le silence lui-même n'éponge pas le néant de mon coeur. Je pensais pouvoir semer les graines de grenade, les seules ayant survécu à mon long exil.
Je les plantai en terre, les couvrant d'un amour que je cru infini, et ces graines donnèrent un arbre, porteur de plus d'espoir que le printemps en personne.
Mais nul arbre ne pousse sur une terre stérile, et une main de givre n'accomplit nul miracle. L'arbre cessa de croitre, jaunit et mourut.
Le vent du Nord ne porte en son sein ni promesse, ni certitude, seulement l'absence et le long sommeil d'un hiver sans fin.
Et Perséphone s'en fût.
Pour un jour, une heure, un siècle.
Qu'importe ?
* Time And Tide Wait For No Men, She Said *
Bande son : Sol Invictus - In a Garden Green.
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Paul Celan, posté par Aranna le 27-08-2007 Ă 20:40
Paul Celan, Extraits de Pavot & MĂ©moire
Sans Titre
La main pleine d'heures, tu es venue Ă moi
ainsi - j'ai dit :
Tes cheveux ne sont pas bruns.
Et sans peine tu les déposas sur la balance des souffrances, ils furent plus lourds que moi...
***
Moitié de Nuit
Moitié de nuit. Et les poignards du rêve plantés
aux yeux Ă©tincelants.
Ne crie pas de douleur : les nuages flottent comme des linges.
Tapis de soie, ainsi fut-elle tendue entre nous
afin que l'on y danse d'obscur en obscur.
***
Le secret des fougères
Sous la voûte des épées le coeur vert feuille des
ombres se regarde
Les lames sont Ă©clatantes : qui dans la mort ne s'attarderait aux miroirs ?
C'est ici aussi qu'on offre la mélancolie vive
Ă pleines cruches :
son bouquet s'élève assombri avant qu'ils boi-
vent comme si elle n'Ă©tait pas de l'eau,
comme si elle était une pâquerette ici, un
oracle pour des amours plus sombres,
pour une couche de duvet plus noir, pour de
plus lourdes chevelures...
***
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Want, posté par Aranna le 26-08-2007 Ă 22:41
J?écoute : Sol Invictus. Les deux albums que Christian m?a passé. Contre toute attente, j?aime beaucoup, et pas seulement « O Rubor Sanguinis ».
Je lis: Paul Celan. Vais poster quelques extraits qui me bouleversent tellement que je pourrais les lire une nuit durant.
Les vices : Je mange trop ces derniers temps. Pas bon ça. Et des saloperies en plus. Des laits entiers au sirop de cannelle (puisque interdite de vanille) aux kinder bueno, grmph. Il m?arrive de fumer quelques clopes, et j?aimerais autant pas me mettre à fumer, c?est le dernier vice que j?ai pas.
Il manque : Elle. Jusqu?Ă m?en casser la voix.
Je lorgne : Trop de trucs pour mon portefeuille.
J?ai : Une boîte à Bentô pour trimballer mon casse-croûte, et, depuis le temps que je me tâtais, un piercing.
J?ai envie : De faire des cercles de tambours.
Je regrette : De louper un an avec mon jardin. Pas de vin de sureau, pas de vin de mûre, pas vraiment de Sloe Gin fait avec amour cette année. Pas de plantation automnale non plus. Et pas de vacances en septembre. Pas de câlins avec mon loup.
Je rigole : Des personnes prévisibles. De l?humour noir et bien dosé, grâce aux conseils d?un vieux sage.
L'allié du moment : Mon congélateur.
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Sans titre, posté par Aranna le 05-08-2007 Ă 16:58
J'ai le dit des autres et le dit de ma gloire
Le dit de mes rages et de mes victoires
Le dit de ma hargne et celui du feu noir
Les gènes bâtards d'une lignée sans honneur
De tisserands, d'escrocs, de voleurs
J'ai le dit de mes craintes et celui de mon coeur
J'ai la haine de l'humain pour ce qu'il m'en reste
Le chant d'un combat qui brûlait jadis.
Ma carapace perforée, laminée, explosée,
D'une guerre sans fin et de souvenirs brisés.
J'ai le dit de ma révolte et le dit de mes larmes
Celui de mes faiblesse plus que celui de mes forces
J'ai le dit de mes batailles et celui de mon courage
Brandissant l'étendard, marchons de concert Frères de bataille.
*Dulcissima, Corvus Corax*
5 août 2007
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